Et on sait qu'à partir d'un certain âge une simple chute peut vite devenir fatale. Cela fait donc quelques mois que je n'avais pas eu de bonnes nouvelles. Or un de ses aides soignant particulièrement attentif a remarqué qu'au réfectoire, elle manifestait le besoin de peindre en mimant à table les gestes du peintre : j'ai eu la surprise de la voir arriver, poussée dans un fauteuil. Nous avons fait comme si c'était la semaine dernière et elle a retrouvé tout naturellement ses marques.
FREDERIC PEIRE@ART-THERAPIE

Mais quelques semaines après ce retour, je constate que cette longue coupure a laissé des séquelles profondes. Elle est très fatiguée, arborant un visage aux traits figés, dans l'impossibilité de lever le bras malgré mon aide. J'ai l'idée d'adapter le matériel à son handicap, que j'imagine être l'arthrose associée à une trop longue convalescence. Et cela fonctionne ! Elle arrive à peindre, retrouvant bien diminuée cependant sa gestuelle graphique si personnelle. A la séance suivante elle reste une longue heure les yeux clos, presque statufiée. Je lui installe néanmoins le lutrin que l'on m'a gracieusement prêté à son intention, et avec mon assistance elle se réveille. Tout sourire, heureuse de retrouver ses facultés créatrices, elle peint une petite demie heure avant de replonger dans une léthargie cataleptique. J'espère la revoir à nouveau à une prochaine séance.

FREDERIC PEIRE@ART-THERAPIE
FREDERIC PEIRE@ART-THERAPIE